Pour moi la peinture est une manière d'appréhender la réalité cachée, non seulement celle des êtres et des choses mais aussi d'une époque. Elle est complémentaire de la photographie. Elle s'intéresse au monde intérieur alors que la photo est plus adaptée à rendre compte du monde extérieur (avec des lignes mouvantes).
Inventer des formes d'expression nouvelles ne suffit pas.
L'art ne peut pas être purement décoratif, esthétique ou technique. Il est un regard sur le monde dans lequel nous vivons, ses mystères, ses problèmes, ses solutions. L'artiste doit être intellectuellement et émotionnellement connecté à son époque. En percevoir les enjeux et les forces invisibles qui s'affrontent.
Il est ou devrait être capable de sentir ce qui se passe réellement et aller chercher l'information à sa source.
Avoir une réflexion et un engagement.
Chaque jour des évènements liés les uns aux autres nous entrainent dans une direction collective - ou une non direction - et le monde nous parle. Pour exprimer ce que je perçois, je n'emploie pas de symboles abstraits ou ésotériques.
Je préfère les scènes basées sur une émotion ou une vision.
Le rendu visuel doit rester prioritaire sur le sens, car il est extrêmement difficile et risqué de peindre des idées.
Selon moi un tableau, dans la mesure du possible, doit pouvoir se passer de discours, même si il n'est pas interdit de l'enrichir d'un discours lorsqu'il est évident que son contenu ne peut être entièrement appréhendé par la seule approche visuelle.
Concernant ma pratique, j'emploie surtout des techniques ultra rapides à base de glacis à l'huile sur des fonds fortement structurés blancs. J'ai progressivement adapté la manière de travailler de la peinture en décors de cinema et de théâtre, mon premier métier, à celle de la peinture d'atelier.
Chaque œuvre est différente et dicte sa propre expression : abstraite, figurative, improvisée ou longuement méditée à partir d'un rêve, d'une idée ou d'un sentiment.